Liederen Debussy

1. Nuit d’étoiles
Nuit d’étoiles, sous tes voiles,
Sous ta brise et tes parfums,
Triste lyre qui soupire.
Je rêve aux amours défunts,
La sereine mélancholie
Vient éclore au fond de mon cœur.
Et j’entends l’âme de ma mie
Tressaillir dans le bois rêveur
Je revois à notre fontaine
Tes regards bleus comme les cieux;
Cette rose, c’est ton haleine.
Et ces étoiles sont tes yeux.

2. Beau Soir
Lorsque au soleil couchant les rivières sont roses,
Et qu’un tiède frisson court sur les champs de blé,
Un conseil d’être heureux semble sortir des choses
Et monter vers le cœur troublé
Un conseil de goûter le charme d’être au monde
Cependant qu’on est jeune et que le soir est beau
Car nous nous en allons comme s’en va cette onde,
Elle à la mer, nous au tombeau.

3. Les cloches
Les feuilles s’ouvraient sur le bord des branches,
Délicatement.
Les cloches tintaient, légères et franches,
Dans le ciel clément.
Rythmique et fervent comme une antienne,
Ce lointain appel
Me remémorait la blancheur chrétienne
Des fleur de l’autel.
Ces cloches parlaient d’heureuses années
Et, dans le grand bois,
Semblaient reverdir les feuilles fanées,
Des jours d’autrefois.

4. Romance
L’ame évaporée et souffrante,
L’âme douce, l’âme odorante
Des lis divins que j’ai cueillis
Dans le jardin de ta pensée,
Où donc les vents l’ont-ils chassée
Cette âme adorable des lis?
N’est-il plus un parfum qui reste
De la suavité céleste
Des jour où tu m’enveloppais
D’une vapeur surnaturelle,
Faite d’espoir, d’amour fidèle,
De béatitude et de paix?

5. Clair de lune
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmants masques et bergamasques,
Jouant de luth et dansant, et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques,
Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune.
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur,
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres,
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.

6. Il pleure dans mon cœur.
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur?
O bruit doux de la pluie,
Par terre et sur les toits!
Pour un cœur qui s’ennuie,
O le bruit de la pluie!
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi! Nulle trahison?
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine,
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peine.

7. Noël des enfants qui n’ont plus de maisons.
Nous n’ avons plus de maisons!
Les ennemis ont tout pris, tous pris, tout pris,
Jusqu’à notre petit lit!

Ils ont brûlé l’école et notre maître aussi.
Ils ont brûlé l’église et monsieur Jésus-Christ
Et le vieux pauvre qui n’a pu s’en aller!

Nous n’ avons plus de maisons!
Les ennemis ont tout pris, tous pris, tout pris,
Jusqu’à notre petit lit!

Bien sur! Papa est à la guerre,
Pauvre maman est morte!
Avant d’avoir vu tout ça
Qu’est-ce-que l’on va faire?

Noël! petit Noël!
n’allez pas chez eux,
n’allez pas jamais chez eux
Punissez-les!

Vengez les enfants de France!
Les petits Belges , les petits Serbes, et les petits Polonais aussi!

Si nous en oublions, pardonnez-nous
Noël! Noël
Surtout, pas de jou-joux
Tûchez de nous redonner le pain quotidien.

Noél! écoutez-nous,
Nous n’avons plus de petits sabots,

Mais donnez la victoire aus enfants de France!